Il y a une première fois à tout

C'était mon premier Ironman 70.3. J'ai choisi Mont-Tremblant, puisque c'est chez nous, le Québec. C'était non seulement un premier Ironman 70.3, mais aussi une première compétition en tant que professionnel. Je crois que c'est parce que j'ai du courage que j'ai osé m'inscrire comme professionnel. Je vous confirme que j'étais pas mal moins courageuse samedi, la veille de la compétition...

Samedi 


J'arrive sur le site de la compétition avec mes amis du Rouge et Or. Je ne réalise pas encore que la compétition a lieu le lendemain, alors je suis calme. Ça ne saura durer. Le premier moment de panique survient lorsque je dois aller chercher mon sac de l'athlète à la table des professionnels. Alors que j'attends en ligne, quelques filles professionnelles arrivent dont Linsey Corbin. Ça y est, je blanchis et mon pouls fait tout un bond. J'ai juste hâte que ce soit mon tour pour retourner voir mes amis et me fondre dans la foule.

À 12h30, c'est la réunion des professionnels. On se rejoint dans une salle de conférence où on est tous assis alentour d'une immense table de manière à ce qu'on puisse TOUS se voir. Durant cette rencontre, on se fait expliquer les règlements ainsi que le parcours. J'avoue qu'au niveau du parcours, ça m'a rassuré. Par contre, de voir tous ces athlètes "veinés", comme dirait David, c'était trop pour mes nerfs. Heureusement que David et Isabelle étaient là pour me ramener sur terre et assécher mes larmes de nervosité. La cerise sur le sundae, on a droit à une "photo de famille" à la fin de la rencontre.

 Oui oui, je suis à côté de Brent McMahon. Photo de Ironman Mont-Tremblant.

À partir de cette réunion, je l'échappe. Mes battements cardiaques sont beaucoup trop élevés en permanence. Je pense juste au fait que je vais me faire démolir par toutes les filles demain. Je remercie tous mes amis qui ont tenté tant bien que mal de me remonter le moral. J'apprécie énormément vos efforts !

Dimanche


Heureusement qu'on s'est couché à 8h parce que le cadran sonne à 4h45. J'avais tout préparé la veille, alors je n'ai qu'à enfiler mon trisuit, prendre mon sac ainsi que mon vélo et quitter pour la zone de transition. J'avais prévu que je serais trop nerveuse pour manger quoi que ce soit de solide, alors je déjeune en chemin avec un Ensure et trois bouchées d'une barre Cliff.

Ma place attitrée dan la transition. Photo de Miriam Robitaille.

Je m'installe rapidement dans la transition, alors je ne sais pas trop quoi faire de ma peau avant le départ. Je ne veux pas courir pour ne pas éveiller ma blessure. Ainsi, Charles me conseille d'aller faire un bon échauffement de natation. Je croise des amis en chemin et on me dira plus tard que j'étais blanche comme un drap.

Charles a eu raison de me faire nager longtemps, ça m'a fait du bien. Ça m'a changé les idées et m'a permis de me concentrer sur la seule partie de la compétition pour laquelle j'étais confiante : la natation.

À 7h, c'est le départ des hommes professionnels et mon départ suit 5 minutes plus tard. Je suis impressionnée par l'ampleur de l'évènement : la musique, les canons, l'hymne national, l'organisation, les spectateurs, etc. Bref, rien pour calmer ma nervosité.

 Photo de Jérôme Bergeron
On est une douzaine de filles seulement sur la ligne de départ. Je connais les nageuses les plus rapides et je vois qu'elles sont au milieu. Stratégiquement, je devrais aller me positionner à leurs côtés, mais je n'ose pas. Ainsi, je me retrouve à l'extrême droit. Au son des feux d'artifices, je fais un bon départ, mais j'étais trop loin pour attraper les pieds des meilleures nageuses. J'essaie de couper à l'intérieur et de kicker plus fort pour les rejoindre, mais c'est peine perdu. Je me retrouve donc toute seule en avant de je-ne-sais-qui. Au virage de la première bouée rouge, deux filles me dépassent tranquillement à l'intérieur. C'est l'occasion de me reposer un peu, alors je ralentis, je les laisse passer et j'embarque dans leurs pieds. Quelle bonne décision, puisqu'elles nous ont permis de rattraper les deux filles qui avaient réussi à s'échapper au début. Ainsi, je sors de l'eau en cinquième position avec mes idoles comme Magali Tisseyre et Linsey Corbin.

Photo de Hélène L'Italien
J'effectue une excellente transition, puisque j'embarque 3e sur le vélo. Avec Élise qui crie comme une débile en me voyant, je ne pouvais pas faire autrement. Or, je sais que ce n'est qu'une question de temps avant que les autres filles me rattrapent. J'essaie quand même que ce soit le plus tard possible. Au 50e kilomètre environ, misère, je commence à avoir des crampes dans les quadriceps. Je ne sais pas trop comment réagir. Je continue du mieux que je peux, mais c'est flagrant à quel point je n'ai plus la même énergie pour monter ni même descendre les côtes. Le premier gars de la vague des hommes qui partaient après nous me rattrapent sensiblement au même moment. Je vois les filles en avant me mettre toujours plus de distance. C'est là que j'ai complètement perdu confiance en moi. Il restait la portion sur le chemin Duplessis qui comprend de solides montées, soit rien pour améliorer mon cas.

 Photo de Jérôme Bergeron
La transition, c'est tellement acquis que même avec des jambes en mauvais état, je fais une des meilleures transition de tous. D'un autre côté, je savais que je ne devais pas restée immobile trop longtemps pour éviter que mes jambes barrent au point de ne plus être capable de repartir comme il m'est arrivé au marathon d'Ottawa en 2009.

La course est une longue histoire de souffrance. La dernière fois que je me suis sentie aussi mal durant une compétition, c'était à Magog lorsque j'avais fait un coup de chaleur. Cette fois, ce sont les jambes et la confiance qui ont failli. Or, je suis abasourdie par les indénombrables encouragements que j'ai reçus. J'aurais tant souhaité avoir le courage de vous remercier par un chaleureux sourire, mais j'en n'ai pas eu la force ni la volonté. Trop égoïste, je m'apitoyais sur mon sort.
 Photo de Sylvie Patenaude
Veuillez donc accepter, chers bénévoles et amis, mes sincères remerciements  pour vos nombreux encouragements qui m'ont permis de terminer. Aussi, félicitations aux 2000 autres athlètes qui ont terminé ! 

Ce que je retiens en quelques points

  • Je m'accorde une note de 0/10 pour la gestion du stress
  • Avant et après la compétition, les professionnelles sont "chicks"
  • La nutrition est importante et j'ai clairement échoué cet aspect du Ironman 70.3
  • Quelle expérience enrichissante ! 
  • Je n'étais pas bien préparé autant physiquement que mentalement
  • Ça ne peut pas être pire la prochaine fois 
  • Vivement le prochain Ironman 70.3 ! 
  • Je reconnais enfin les bienfaits des bas de compression 
  • Ne me cherchez pas, je serai sur mon vélo 24h sur 24, 7 jours sur 7 pour les deux prochains mois  

Les statistiques 


Natation : 27:28
T1: 3:08
Vélo: 2:47:16
T2: 0:55
Course : 1:44:29
Total : 5:03:15




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