Un séjour à l'hôpital

Jour 1
L'histoire commence jeudi matin, à 10h, l'heure à laquelle je dois me présenter à l'hôpital afin que les infirmières me préparent pour mon opération qui doit avoir lieu à 12h. À 10h30, ils appellent mon nom à l'intercom, mais trop absorbées par notre lecture, Martine et moi ne l'entendons pas. Alors, la petite madame vient me chercher dans la salle d'attente. Vu mon âge, elle n'a pas de difficulté à me trouver. Puis, elle se lance dans un monologue. Gare à la personne qui ose lui poser une question avant qu'elle termine son acte...

" Vous avez deux sacs, le plus petit pour mettre vos bottes et le plus grand pour tout mettre. Quand je dis tout, je dis bien tout : le sac avec vos bottes, bobettes, brassières, manteau. Vous enfilez le jaquette bleue puis la jaune, comme une robe de chambre, pour éviter qu'on vous voit les fesses. Ensuite, les bas d'hôpital. Ne cherchez pas de talon, il n'y en a pas. Ajoutez à cela les pantoufles. Changez vous, j'ai des choses à dire à votre mère." Euhh, c'est mon amie ;)

C'est donc à partir de ce moment qu'on doit faire preuve d'humilité et se plier à la mode "YO!" version hôpital. C'est tellement laid qu'on n'a pas pu s'empêcher de prendre une photo.

Une fois changée, une autre infirmière prend les signes vitaux : tension artérielle, pouls et température. À la suite de l'interrogatoire complet dont je connais les questions par coeur et dont les réponses sont toujours non en plus des quelques explications quant à mon pouls et ma pression artérielle "anormalement" bas, l'infirmière me donne TROIS (!) tylenols parce que "selon une étude, ça diminue la douleur post-opératoire. La dose est déterminée selon votre âge et votre poids." Ouin, mais trois c'est quand même beaucoup.

Je retourne dans la salle d'attente où Martine est toujours gentiment présente. Je lis encore un peu, mais après une trentaine de minutes, je me rends compte que je commence à relire la même page trois fois avant d'enregistrer. Ouais... les Tylenol... Heureusement, Martine est capable de parler autant que moi... Mais le temps passe et rien ne se passe... On finit par connaître l'histoire des autres patients dans la salle d'attente... Puis, même s'il y en a des pires que moi, je souhaite secrètement passé au plus sacrant.

À 12h30, on m'appelle !!! Yahouuuuuuuuuu :) Oui, j'étais contente. Jusqu'à ce que je vois le visage de la dame qui m'attend. Annulé parce qu'ils n'ont pas de lits pour m'hospitaliser après l'opération. Je propose d'amener un lit de camp, mais c'est sans succès (et je comprendrai plus tard que bien qu'ils soient confortables, les lits de camp n'auraient pas été adéquats). Pénarde, je retourne à la maison où je n'arrive pas à faire grand chose, trop sonnée par la trop grande dose de tylenols.

Jour 2
La deuxième journée est presque une copie conforme de la première. Jeûner le matin, arrivée à l'hôpital pour 10h, se mettre belle pour le chirurgien, attendre, rencontrer du monde malade, attendre, s'ennuyer, parler, attendre, attendre et toujours attendre. Encore une fois les tylenols m’assomment.

Enfin, vers 14h30, on appelle mon nom !! Yahouuuuuuuuuuuu :) Comme ils ne peuvent pas me faire le coup deux fois, je suis contente. Jusqu'à ce que je vois le visage de la dame qui m'attend. "C'est pas vrai. C'est encore annulé ?", lui dis-je. Je n'ai pas eu besoin qu'elle me donne la réponse pour comprendre. Cette fois, c'est le médecin qui n'a juste plus le temps de me prendre faute d'urgences, je pense.

Alors, pénarde, je retourne chez moi. J'ai à peine le temps de manger que je dois jeûner de nouveau, puisque l'opération est remise au lendemain à 9h. Puis, malgré toutes vos suggestions de nourriture pré-jeûne, sachez que j'ai opté pour du bon Kraft Dinner juteux extra sel et poivre.

Jour 3
Ce jour-ci, je sais qu'il n'y a pas de doute. Je dois me présenter aux urgences parce que le comptoir des chirurgies d'un jour est fermé la fin de semaine. Remarquez la situation : mon opération est prévue aux urgences. Après, on se demande pourquoi les urgences sont bondés. En tout cas, évitons le sujet de la gestion des hôpitaux. Vous en entendez assez parler dans les médias.

J'arrive donc à 7h et à peine 40 minutes plus tard, je me retrouve en jaquette d'hôpital, ma préférée, la bleue avec des petits flocons. Dix minutes plus tard, je me retrouve dans une chaise confortable à attendre qu'on m'intube le bras droit et qu'on me buzz encore de TROIS tylenols. Martine vient chercher mon sac avec TOUTES mes affaires et puis il me reste plus qu'à attendre 9h, l'heure à laquelle je dois être au bloc opératoire.

À 8h50, une madame avec un gilet rouge vin vient me chercher pour m'amener au bloc opératoire. J'avoue que je n'aimais pas trop la sensation de rester couchée et de me faire paresseusement transporter au bloc. Sérieux, j'aurais très bien pu marcher et ça aurait évité un boulot à cette madame là qui aurait pu s'occuper de d'autre monde. En tout cas, rendue au bloc, je rencontre les gentilles infirmières et l'anesthésiste. C'est quand même impressionnant de voir tout ce monde qui vont s'occuper d'une personne : moi. Il y a plein de machines débiles dont je comprendrai jamais l'utilité. Celle dont je connais l'utilité et que j'aime bien observer, c'est celle où on voit mon pouls avec la petite ligne verte. C'est rassurant d'entendre ton pouls à un rythme normal tout juste avant de te faire endormir.

En entrant officiellement dans le bloc, je ne peux m'empêcher de regarder s'il y a une fenêtre d'où un autre médecin pourrait observer la chirurgie, t'sais comme dans Grey's anatomy :) Les rideaux dans les fenêtres sont grands ouverts et il y a un beau soleil dehors alors qu'il fait toujours hyper sombre quand les patients entrent dans les blocs opératoires dans Grey's anatomy. Finalement, j'ai à peine le temps d'observer les infirmières à l’œuvre que l'anesthésiste me fait respirer "l'oxygène" qui m'endort.

Je me réveille dans la salle de réveil vers 12h. Je suis en transe. Je tremble de tous mes membres alors que je n'ai pas l'impression d'avoir froid. J'essaie de me calmer en prenant de grandes respirations, mais c'est impossible. Le gentils monsieur qui me veillait m'explique rapidement comment utiliser la morphine et il me recouvre de chaudes couvertures. Sur le champ, on m'amène à ma chambre. Je n'ai même pas conscience du chemin emprunté. Est-ce que je monte ? Est-ce que je descends ? Est-ce que je change d'aile ? Mon seul but, c'est d'arrêter de trembler. Arrivée à la chambre, on me déplace en bloc sur le fameux lit (loin d'être un lit de camp) où je réussis à m'endormir de nouveau.

Vers 14h, je me réveille normalement. Mon voisin de chambre, un vieux monsieur qui s'est fracturé la hanche en tombant il y a trois semaines, a de la visite. Ça me divertie un peu. Eh, voilà ! C'est l'ensemble du divertissement auquel j'ai eu droit.

J'ai demandé à plusieurs reprises aux infirmières si j'allais pouvoir sortir le soir même parce que j'allais rapidement de mieux en mieux. Or, comme le médecin m'avait prescrit trois doses d'antibiotiques par intraveineuse et qu'il n'y avait pas moyen d'avoir même un résident pour me prescrire ces antibiotiques par voie orale et autoriser alors mon départ, j'ai été forcée de rester.

Le soir même, je prenais un bon repas à la grande surprise des infirmières. D'ailleurs, je leur ai souvent demandé de débrancher le soluté, puisque j'étais capable de manger, mais comme le médecin avait prescrit les antibiotiques par intraveineuse, elles n'ont jamais voulu. Je les déteste ces antibiotiques !! Ils m'ont empêché de sortir plus tôt de l'hôpital, ils m'ont fait engraisser et ils me donnaient solidement mal au cœur et à la tête.

Jour 4
À part les antibiotiques, le plus pénible aura été de n'avoir rien à faire pendant environ 24h mise à part de dormir, d'errer dans un corridor de 150m, de regarder dehors ou le plafond et d'écouter les conversations de mon coloc au téléphone. J'étais presque heureuse quand il y avait un changement d'infirmière, puisqu'elle venait reprendre les signes vitaux (même à 1am), alors on faisait brièvement connaissance. À chaque fois, je devais leur expliquer que ma pression était normalement basse (environ 100/60) tout comme mon pouls. Il y a en a une qui ne me croyait tellement pas qu'elle a décidé de prendre mon pouls elle-même, sur mon poignet, plutôt que de se fier à la machine qui affichait pourtant un pouls relativement élevé de 50 à ce moment-là.

Enfin, mon plus grand bonheur aura été de revoir Martine à 11h le dimanche matin et de manger un biscuit en forme de tête de Mickey fait maison accompagné d'un jus de pomme.

Conclusion
De mon séjour à l'hôpital, je retiens que les infirmières et les préposés sont dévoués et hyper gentils. Je retiens que les hôpitaux sont effectivement aussi mal gérés que ce qu'on raconte depuis des années dans les médias. Je retiens qu'il faut mettre de la pression pour sortir rapidement. Je retiens qu'il est inacceptable que je n'aie pas pu voir ni le médecin ni le résident en orthopédie. Je retiens que la nourriture d'hôpital n'est pas du tout aussi exécrable que ce qu'on a l'habitude d'entendre. Je retiens qu'il y a un abus de pilules et de morphine.

Finalement, je retiens que je suis chanceuse d'avoir été opéré par un spécialiste, d'avoir une telle famille, d'avoir autant d'amis attentionnés et, surtout, vous l'aurez deviné, d'avoir une amie comme Martine. Merci mille fois Martine pour TOUT.

Alors, gang, on se voit sur le bord de la piscine ? Dans deux semaines... :P

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